Vos chiens Magasin, n°190, septembre 2001 / Sauvé de l'oubli

Sauvé de l'oubli

Les deux races, le Cane Corso et le Mâtin de Naples, ont partagé le mêmedestin, frolant l'extinction. A la fin du XIXe siècle, l'élevage du gros bétail se raréfie, les Italiens émigrent en masse, et les conditions économiques dans les campagnes ne sont guère favorables au maintien de gros canidés. D'autre part, on n'utilise presque plus ce genre de chiens à la chasse ; le dogue de chasse représente une époque révolue, l'exception moderne étant cette géniale création de toutes pièces qu'est le Dogo Argentino. Il fallut longtemps aux Italiens, bien après la naissance de la cynophilie, pour s'interesser à leur patrimoine molossoïde. L'ancien Cane Corso substitait dans certaines campagnes,à l'état plus ou moins croisé. Il y avait urgence. C'est alors que le professeur Giovanni Bonatti qui effectuait des recherches sur l'origine des molosses, signale en 1973, la présence dans les Pouilles de ce dogue au poil court, différent d'un Mâtin Napolitain, et ressemblant plutôt au Bullmastiff ou au chien de combat majorquin ; il suggère de tenter un programme de savetage.

Quelques cynophiles, i Signori Malavasi, Sereni, Gandolfi et Casalino, relèvent le défi. Trente-deux sujets, sans doute les plu représentatifs, sont retenu pour un patient travail de sélection en consanguinité, tendant à repousser les influences exterieures à la souche initiale. Les premiers accouplements à visée cynophile ont lieu à la fin des années 70 ; parmi les premiers géniteurs, on retiendra les noms de l'etalon Dauno, des lices Tipsi et Brina.

C'est à ce niveu que les avis divergent : " les Italiens n'ont introduit aucune autre race pour relever le Cane Corso", assure l'éleveur Daniel Lorrain, "mais mené15 ans de sélection, et il y a encore de l'ouvrage". "Cela dépend des lignées", pense l'éleveur M. Brun Cosme ; "certaines, surtout dans le nord, ont pu utiliser Boxer ou Dogue Allemand". En 1983, se crée la Societa Amatori Cane Corso, présidé par Stefano Gandolfi ; un mâle noir nommé Basir représente alors le prototype de la race et l'idéal à atteindre.

En 1987, un premier standart est rédifé par un spécialiste des molosses, le Dr Morsiani. En 1989, l'ENCI (équivalent de la SCC) place la race sur un livre d'attente, 62 sujets étant alors inscrits ; c'est enfin la consécration en 1997, lorsque le Cane Corso, quatorzième race Italienne, intègre le groupe 2 de la nomenclature FCI. Mais les français l'avaient précocement découvert grâce à Daniel Lorrain : en janvier 1988 à l'exposition de Milan, voyant pour la premiere fois ds Cane Corso, il a le coup de foudre. Quelques mois après, il retourne en Italie faire l'acquisition d'un couple, Igor et Gioia, malgré un prix très dissuasif ; il faut dire que la race est à cette époque en pleine reconstruction, les reproducteurs étant la propriété directe de la SACC qui entend garder la haute main sur la sélection. Daniel Lorrain produit sa première portée en 1990, s'engageant alors auprès des Italiens, à ne pas vendre de femelles en France. Gagnant leur confiance, il devient le premier délégué étranger de la SACC.

Depuis la reconnaissance internationale, les choses ont évolué : les Italiens produisent beaucoup pour l'exportation, notamment "Antico Del Cerberus", près de Mantoue, à Anna et Giancarlo Malavasi, qui avec ses 200 reproducteurs et une vaste réputation, domine le débat ; outre cet élevage, la SACC en recommande 3 autres, "Murgese", "Casa Leone", "Porta Della Pinta".

D'autres pays européens se mettent au Cane Corso, notamment la Russie, mais en ce moment se sont les Américains et Canadiens les plus ardents investisseurs. Lancée sur une trajectoire de fusée, le Cane a atteint dans son Pays les 3 000 naissances annuelles, un niveau qu'il pourrait mettre peu d'année à approcher en France.



16/01/2010
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